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LES « HAUTS FOURNEAUX »

forcée, s’imposent d’interminables parties de bridge. « Afin de ne pas penser », disent-ils. Dans les hôtels, on voit encore de pimpants officiers d’État-Major, diaprés comme des aras. L’un d’eux, à qui je demandai, par mégarde, l’ascenseur, me mitrailla d’un furieux regard qui me brûle encore.

Et les plus agités, parmi cette volée de passage qui s’est abattue sur la ville, ce sont encore les innombrables intermédiaires qui font la chaîne entre le producteur et l’Intendance, ceux qui, se repassant de main en main les marchés, en gardent un peu d’or aux doigts. Étrange défilé, où l’on voit un dessinateur vendre du macaroni, un publiciste placer des couvertures, un directeur de théâtre brocanter des camionnettes, un auteur dramatique offrir du blé, du charbon, de l’acier et « toutes autres fournitures de guerre. »

Andernos, 8 novembre 1914.

J’écoutais hier Briand, qui rentrait d’un voyage dans l’Est. Il contait qu’on l’avait transporté par surprise dans un coin d’Alsace désannexée.