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LES « HAUTS FOURNEAUX »

ressemble guère à cette légende. Au vrai, dans la première ruée, les parisiens, faute d’installation, sont descendus dans les grands hôtels dont ils ont accepté sans débat le luxe coûteux. Mais, le séjour se prolongeant, il a fallu compter. Tout s’est tassé. On s’est casé. On a vécu chez soi. Peu de gens imitent le train magnifique de mon mari.

Les ministres logent avec leurs services dans les bâtiments qui leur furent affectés parce qu’ils se trouvaient vides : lycées, écoles, asiles, facultés. Ils y vivent sans faste. La plupart sont très conjugaux. Quelques-uns ont des amies. Mais elles sont lointaines : il faut un raid d’auto pour leur porter des fleurs, un coup de téléphone pour leur envoyer une pensée. Tous travaillent, nageant de leur mieux dans le flot des paperasses. Quand ils s’accordent une heure de détente, c’est pour respirer dans les bois voisins, ou fureter aux vitrines des antiquaires. Ils sont moins harcelés de parlementaires qu’à Paris. Au fronton de deux théâtres, dans une rue déserte, on lit bien deux pancartes : « Sénat. Chambre des Députés ». Les locaux étaient prêts. Mais ils sont restés vides. Ce sont deux théâtres qui font relâche.

Les conseillers d’État, comblant une inaction