dité d’un tel propos : « Jamais. » Déjà, les hommes éclataient, en un concert farouche. Et tous, les brutaux, les langoureux, les pédants, les subtils, tous hurlaient les mêmes mots : mensonge… manœuvre… piège grossier… amorce empoisonnée… C’est la paix allemande… On n’accepte pas la paix, on l’impose… la paix actuelle, c’est la Révolution à Paris.
L’un d’eux, les veines du front gonflées à crever, arpentait à grands pas le salon et criait, avec une orgueilleuse humilité : « Nous sommes vaincus, vaincus… »
Seul Noli se taisait, assis dans un fauteuil, les mains aux appuis-bras, son grand visage gris impassible, comme une statue sacrée. Simplement, la première explosion apaisée, il se leva. Et tous, alors, comme à un signal, prirent vivement congé.
Dans l’auto, Pierre se rencogna. À ma première parole, il me rembarra si rudement que je n’insistai pas. Quand la voiture m’eut mise à notre porte, il me laissa descendre, resta et dit au chauffeur :
— Au journal le Bonjour.