Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/284

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’eau de la tribune. Une mêlée générale s’ensuivit, où l’on voulut le mettre à terre, lui tirant les cheveux et les pieds, et d’où il sortit, col et cravate arrachés, avec des ecchymoses au visage et l’exclusion pour quinze séances. Le même jour, en contraste, on approuva d’unanimes applaudissements les stupéfiantes dépenses de la guerre, qui s’élèvent dès maintenant à 72 milliards. Les chiffres, comme les pertes humaines, n’ont plus de signification.

12 décembre 1916.

Je suis bien lasse, bien émue. Il faut pourtant que je note cette soirée.

Nous avons dîné chez Noli. Il traitait les grands seigneurs du fer. Ce ne sont que ses vassaux, car il les dépasse tous. Il est vraiment le mystérieux Mikado, qui peut tout et dont on ne sait rien. Chez lui, trop de faste et trop de plats : une abondance de fête asiatique. Dans ces sortes de dîners, on ne parle presque plus de la guerre. Les convives prennent seulement soin de faire étalage de leurs proches qui sont aux armées : « Mon frère l’aviateur… Mon mari sous-lieutenant…