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mari et vingt-cinq sous par jour… Pourvu que ça dure ! »

Quant aux parlementaires, l’état de siège et sa dictature facilitent leur tâche de dirigeants ; la guerre prolonge automatiquement leur mandat. La presse leur donne le sentiment, dont ils sont dupes, que la paix actuelle serait impopulaire et provoquerait leur déroute. Ils espèrent que le temps leur apportera la victoire qu’ils ont tant de fois promise. Et ils restent d’autant plus volontiers dans le statu quo qu’ils ne savent pas comment en sortir.

Beaucoup de mobilisés de l’intérieur trouvent, dans les innombrables fonctions créées par la guerre, un prestige et des satisfactions dont ils ne jouissaient pas dans la paix.

Aux armées, les officiers professionnels, dont la guerre est la raison d’être, réalisent leur rêve, servent leur idéal et leur ambition. Et les autres, malgré les risques, s’accommodent de leur existence nouvelle. Libérés du souci des affaires, endurcis aux peines de l’absence, ils mènent au grand air une vie saine, réglée, peu dispendieuse. Et, plus le grade s’élève, plus ces bienfaits s’affirment : l’auto rapide, des serviteurs nombreux, des pouvoirs étendus, le décor d’un château, de hautes soldes, des indemnités, autant d’avan-