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6 novembre 1916.

Aujourd’hui, Paron et le fils Foucard, permissionnaire, se sont rencontrés chez moi. Ils se connaissent de longue date et leur façon de penser sur la guerre les a rapprochés. Décidément, René Foucard ne ressemble pas à sa famille. C’est le canard dans la couvée de poussins. Lucide et froid, il observe et il juge. Sans doute garde-t-il l’influence et l’empreinte de son amie, Fanny Lussan, la fille du probe écrivain Édouard Lussan. J’ignore comment Foucard parvint à rompre la liaison de son fils et à lui faire épouser la fille de Butat, afin de s’allier étroitement la grande presse. Je sais seulement que la jeune femme, qui dirigeait une maison de couture, s’est exilée pour laisser le champ libre à son ami. Je tiens ces détails de Paron, qui était pour elle une façon de père adoptif.

Entre les deux hommes, la conversation s’est aiguillée sur la durée de la guerre. Connaissant, l’un la vie aux armées, l’autre la vie de l’arrière, ils dénombraient ensemble les suffrages favorables à la prolongation indéfinie du massacre.