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gique et le Nord de la France seraient libérés sans qu’il en coutât une goutte de sang ». Et pour masquer la laideur de la guerre, on supprime des phrases comme celles-ci, qui date du début de l’offensive roumaine : « Huit mille enfants, morts en Transylvanie, huit mille petits cadavres jonchent les routes de la retraite autrichienne, au point qu’on doit faire des fosses communes. C’est la guerre qui passe, semant sur les routes des deuils et des deuils encore ». D’après la censure, la guerre ne doit pas semer de deuils.

8 octobre 1916.

Et la petite guerre contre les généraux continue. On parlait des hésitations, de la nervosité, des erreurs de certains d’entre eux, dans ces troubles semaines d’août 1914 où déferle l’invasion : « Oui, dit quelqu’un, nos généraux ont perdu le Nord. » Une dame de lettres dictait à sa dactylographe un récit guerrier : « À ce moment, nos jeunes héros s’élancent »… Puis elle relit son texte et s’écrie :