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28 septembre 1916.

Chez des amis anglais, après déjeuner, je voyais de récents numéros du Times. Chacun d’eux publie les 4.000 noms des gradés et soldats mis quotidiennement hors de combat dans la Somme. Chez nous, rien. La censure interdit même de publier le chiffre global des pertes depuis le début de la guerre. Elle a échoppé un récent article de revue qui parlait de 500.000 morts. Ce chiffre était pourtant bien au-dessous de la vérité, puisqu’au Comité secret de juillet dernier, on avoua 650.000 morts.

Voici encore un trait qui marque la différence de procédés des deux peuples. On a donné à Londres, puis à Paris, un film de l’offensive anglaise dans la Somme. Mais, à Paris, la censure cinématographique a supprimé deux épisodes respectés à Londres : celui où l’artillerie passe sur ses propres morts : et celui où des soldats sortent en riant de la tranchée, pour l’assaut, et retombent aussitôt, tués ou blessés. Toujours le même parti pris de cacher l’horreur de la guerre, de la montrer agréable, héroïque