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LES « HAUTS FOURNEAUX »

tesse prévenante, son joli souci d’élégance morale. Oui, je le devine, je le sens : malgré notre étroite tendresse, nous ne serions pas d’accord. Ah ! heureusement que l’atroce tuerie aura cessé avant qu’il soit d’âge et même de force à l’affronter.

Andernos, 3 octobre 1914.

Depuis le début de la guerre, je n’avais pas encore repris contact avec le monde civilisé. De mes premières incursions dans Bordeaux, je rentre effarée.

J’ai retrouvé là, comme au Congrès de Versailles, mon public de répétitions générales. J’avais envie de crier : « Eh bien, vous êtes contents ? Vous l’avez, votre prétendant ? Il est parmi vous… » Je ne sais pas s’ils sont contents. Mais ils sont héroïques.

Tous les hommes que j’ai rencontrés sont navrés de ne pas combattre. Dès l’abord, ils légitiment leur présence, ils justifient leur situation au point de vue militaire. Ils révèlent leurs infirmités et leurs malheurs. L’un déplore son âge, l’autre maudit sa goutte, qui les retiennent loin des armées. Un petit sous-préfet soupire