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raison sentent bien, au fond, le péril. Ils l’écartent, ils le conjurent, à grand renfort de preuves historiques. Une guerre longue ? On n’en meurt pas. N’a-t-on pas vu la guerre de Sept ans, la guerre de Trente ans, la Guerre de Cent ans ? Les peuples ne se sont-ils pas toujours relevés de ces épreuves ? L’argument est misérable. Quelle comparaison établir entre les guerres du passé, où s’affrontaient de petites troupes de métier, et la guerre actuelle, jusqu’ici sans exemple, où s’entrechoquent des nations en armes ?

5 juillet 1916.

Une extraordinaire vague d’espoir déferle depuis une semaine. Une offensive anglo-française a commencé dans la Somme le 1er juillet. On assure que les pertes sont faibles, grâce à l’énergie de la préparation, à la rapidité des assauts. Avant-hier, les lignes approchaient à quatre kilomètres de Péronne. Des gens se risquent à dire : « Allons, c’est la victoire et la paix ». Le succès d’une offensive russe, qui dure depuis un mois, ajoute à l’optimisme. Une fois de plus, on se laisse emporter par l’espérance.