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LES « HAUTS FOURNEAUX »

étouffante d’entrer dans un nuage, de se mouvoir dans du mystère, au milieu d’une obscurité, d’un silence voulus, jusqu’au fameux communiqué : « De la Somme à la Meuse, nous tenons… » On veut croire à une erreur, on veut lire : « De la Sambre à la Meuse. » Mais non. Le voile est déchiré et découvre l’invasion.

Le 31 août, mon mari arrive à Ganville en auto, très informé. Les avant-gardes allemandes sont à dix lieues de Paris. On craint l’enveloppement par le sud-est. La défense du camp retranché n’est pas au point. Le gouvernement va partir pour Bordeaux. La population l’ignore. Mais déjà les foules s’écrasent dans les gares.

Pierre n’est pas abattu. Évidemment, on a fait face à l’est au lieu de faire face au nord. « Question de concentration. » Indulgent à l’erreur, il la juge réparable. Il a confiance.

Déjà, obéissant à son goût des solutions rapides et précises, il a organisé toute notre prochaine vie. Il nous propose de nous emmener, René et moi, à Andernos, un coin tranquille au bord du bassin d’Arcachon, à quarante minutes de Bordeaux par la route. Le climat rêvé pour donner au petit le coup de fouet, achever de le remettre debout. Pierre lui-même devra passer souvent à Bordeaux où l’on traitera les grandes