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LES « HAUTS FOURNEAUX »

à la recherche de la vérité. Il faut que je me penche, que j’écoute, que je retienne. Maintenant, je vois ma tâche. Je la poursuivrai.

Ce ne sont encore que projets. Jusqu’ici, je suis restée loin des gens en place et des gens informés. (Ce ne sont pas toujours les mêmes.) Qu’ai-je vu, dans notre petit coin de Bourgogne, à Ganville ? Tout s’est passé si simplement, si tristement. Sur trois cents habitants, une soixantaine d’hommes sont partis. Ceux qui m’ont fait leurs adieux, tenaient tous les mêmes propos : « Puisqu’il le fallait… Allons-y… On va leur casser la gueule. » La première stupeur passée, tous marquaient la même résignation farouche, puisée dans ce sentiment de l’inévitable, cette certitude de l’agression absolue, que leur donnaient leurs journaux.

Nous aussi, nous étions uniquement renseignés par les journaux. D’abord, ils flambaient d’allégresse : la mobilisation parfaite, la résistance victorieuse de Liège, les Russes fonçant sur Berlin, la marche triomphale en Alsace, que Joffre appelle dans un ordre du jour « le premier geste de la Revanche ». Les Allemands, affamés, se rendent pour une brioche. Ils tirent trop bas, leurs obus n’éclatent pas.

Puis, à partir du 20 août, on a l’impression