haut commandement. Le second a prononcé cette parole frappante : « Nous sommes dans une alternative tragique : si nous parlons, nous sommes des traîtres ; si nous nous taisons, nous serons peut-être des complices ». Ce doit être, en effet, une étrange angoisse, pour les fervents de la guerre, que d’en remettre le sort en des mains qu’ils jugent débiles. Cette inquiétude continue de percer en traits ironiques. Le docteur Daville, — pourtant si avide de victoire totale qu’il blêmit à la seule pensée qu’on pourrait consulter les Alsaciens-Lorrains sur leur retour à la France, — disait encore hier : « En temps de paix, les généraux étaient des hommes de guerre. En temps de guerre, ce sont des hommes de paix ». Et ce mot d’un écrivain, renommé pour sa spirituelle bonté, son indulgente finesse, mais passionnément intéressé au jeu féroce de la guerre. Aux heures les plus sévères de Verdun, le bruit courut qu’on avait dû condamner à mort un général. Notre homme recueille cette rumeur, feint de se défendre contre un fol espoir et s’écrie : « Pas d’optimisme béat ! »
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