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LES « HAUTS FOURNEAUX »

Alors, c’est fini de lui ?… De tout lui : sa voix savoureuse, sa simplicité, tout le bel et solide équilibre de sa silhouette, de sa face et de son geste, son regard amical, son front radieux où brillait le génie. Car il avait les dons qui deviennent divins lorsqu’ils sont réunis : la bonté, l’intelligence et la clarté.

Et penser qu’il a suffi de quelques articles pour pervertir un cerveau débile… penser que quelques hommes, tranquillement assis devant leur table, ont pu le désigner du bout de leur plume au coup mortel d’un demi-fou ! Comment ont-ils pu le méconnaître aussi odieusement ? Ils n’ont donc même pas ouvert son dernier livre, sur l’armée nouvelle, ce livre auguste comme une prophétie, sincère comme un testament, et dont toutes les pages brûlent du plus ardent, du plus fougueux patriotisme ?

Ah ! puisque les passions sont à ce point aveugles, égarées et furieuses, puisque le mensonge règne, puisque la presse tue, puisque le juste succombe, puisqu’on vient d’éteindre la plus généreuse lumière qui eût éclairé les hommes, alors tout est possible.