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Jusqu’ici, je détestais la guerre comme un crime, je cherchais ses auteurs par besoin de justice, mais elle ne m’atteignait pas directement. Que de fois on a coupé mes lamentations indignées d’un lourd : « Qu’est-ce que ça peut bien vous faire, puisqu’aucun des vôtres n’est exposé ? » Maintenant, va-t-elle me menacer, se tourner vers moi ? Va-t-elle me prendre mon fils ?

6 mars 1916.

J’ai mal écouté, tous ces jours-ci. J’avais peur de René. Je guettais son entrée. Chaque fois qu’il s’approchait de moi, je tremblais : « Il va parler ». Non. Il m’accorde un sursis. Mais je ne retenais pas tous les propos. Souvent, je n’entendais qu’un bourdonnement de voix. Je sais que les visages, autour de moi, étaient sombres et renfrognés, qu’ils commencent seulement à s’éclaircir et à se détendre.

C’est toujours Verdun qui préoccupe les esprits. Des événements, il ne me reste qu’une impression confuse. Un Haut-Commandement qui passe soudain de la confiance à l’alarme,