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10 janvier 1916.

Dans certains secteurs du Nord, Français et Allemands vivent sur le parapet de leurs tranchées, envahies par l’eau. Et, au lieu d’échanger des coups de fusil, ils échangent des victuailles. On me racontait aussi qu’une sentinelle allemande, toute proche d’une sentinelle française, lui demanda tout bas, pendant la nuit : « Dis donc, comment est-ce qu’on fait ça, une république ? »

Ces récits, qui contrarient l’excitation à la haine si magistralement entretenue par la presse, provoquent chez la plupart un malaise irrité. Ils veulent qu’on se tue et non point qu’on se parle. Ils craignent qu’on cesse d’être aveuglément féroce, et que la guerre finisse.

11 janvier 1916.

Des infirmiers, faits prisonniers par les Allemands au début de la guerre, viennent de