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14 décembre 1915.

J’entendais ce soir l’historien italien Ferrero expliquer que cette guerre est la faillite des armées. On leur demandait, disait-il, une victoire qui, en un jour, décidât du sort d’une campagne. On leur demandait un maximum d’effet dans un minimum de temps. Or, les nations armées ne remplissent pas cette mission. Elles opposent leurs masses immenses, front à front, subissent des flux et des reflux, mais persistent dans une sorte d’équilibre qui peut durer des années et qui ne sera rompu, en réalité, que par la détresse économique de l’un des belligérants.

15 décembre 1915.

Une anecdote en profondeur. Deux territoriaux conduisent à l’arrière un peloton de prisonniers allemands. Un colonel, croisant la troupe, demande aux deux hommes où ils la mènent. Pas de réponse. L’officier récidive,