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« Ce ne serait pas la peine d’avoir fait tant de sacrifices » sans s’apercevoir qu’on exige ainsi de nouveaux sacrifices. Et les plus modérés, après avoir gémi timidement sur leur vie diminuée, sur leurs angoisses paternelles, ajoutent bien vite : « Oh ! On ne peut pas signer la paix maintenant ! » Ils ne savent pas exactement pourquoi. Ils n’examinent pas. Je les sens — sur ce point, tout au moins, Paron a vu juste — suggestionnés par leur journal. Car la presse unanime fait furieusement la guerre à la paix.

Personne ne voit dans la paix la fin de la guerre, c’est-à-dire la fin des deuils, des angoisses, des misères, une résurrection. Tous y voient un traité, dont le temps améliorerait les conditions. Mais nul ne s’avise que — toute sensibilité mise à part — les avantages même d’une victoire ne compenseraient peut-être pas les désastres engendrés par la prolongation démesurée d’une guerre sans précédent…

28 novembre 1915.

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