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stimulées, s’efforcent de se dépasser et de se couvrir. Les grandes voix de métal hurlent et grondent, en roulements de tonnerre et de canon. Les chants montent et s’achèvent en cris. Et quand les deux foules, fanatisées, éblouies, se ruent au grand jour du parvis, tant pis si elles se cognent… »

23 novembre 1915.

Je ne noterai pas les réflexions que m’inspire la lettre de Paron. Il me serait trop cruel de les raviver. Je recule le moment de la discuter, de l’examiner de près. Je m’accorde des délais. J’attends le retour de Paron, qui voyage. Je sens qu’à travers elle, les événements et les hommes vont m’apparaître sous un aspect nouveau, plus atroce encore que dans le passé. Je voudrais échapper à cette hantise affolante : « Des deux côtés de la frontière, des hommes comme mon mari auraient amené la guerre ».

Je l’écarte, je la chasse. D’ailleurs, une inquiétude nouvelle m’assaille déjà. Ce soir, à dîner, Vernon, l’ancien ministre de la guerre, et le docteur Daville ont bataillé sur la date d’appel