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murent : « Le pays s’inquiète… le pays s’irrite… Il y a une ambiance… Il y a un mouvement d’opinion… » Parbleu ! L’opinion, ce sont nos féodaux qui l’ont claironnée dans l’énorme porte-voix de la presse. L’opinion, ce sont eux qui l’ont décrétée, qui l’ont imposée… Ah ! comme ils doivent rire de ces Excellences, de ces chefs d’État, de ces empereurs, dont ils ont fait leurs complices, de ces girouettes qui s’orientent dans le sens où ils ont soufflé, de ces fantoches, en casque ou en casquette, qui, croyant satisfaire l’opinion, ne font que satisfaire les fabricants d’opinion ! Vous croyez que tous ces chamarrés sont les grands responsables ? Allons donc ! Ils ne sont que des avocats qui plaident, à leur insu parfois, les dossiers de la haute industrie.

« Ne cherchez pas le pouvoir dans les palais ministériels ou royaux, ni dans l’enceinte des parlements. Le vrai pouvoir, vous le trouverez dans la Salle du Conseil de quelques Sociétés, éparses par la ville. Ne croyez pas, d’ailleurs, que ces comités de finance ou d’industrie soient isolés les uns des autres, dans chaque capitale : ils communiquent étroitement. En effet, un même administrateur siège dans dix, dans vingt conseils. Ce sont toujours