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se demandaient, une fois de plus, qui avait gagné la bataille de la Marne : Joffre, Galliéni, Foch, Maunoury, Sarrail ?

J’ai risqué :

— Ce sont peut-être les soldats ?

Silence. Blâme. Mépris.

8 novembre 1915.

Un célèbre baryton de l’Opéra s’était engagé, d’un grand élan patriotique, malgré ses cinquante-quatre ans, dans une arme combattante. Mais, plein d’égards pour son âge et sa notoriété soucieux d’épargner ses jours, son capitaine lui dit : « Voyons, qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de vous ? Savez-vous faire un peu de cuisine ? »

Encore un écho de l’offensive de Champagne. Le 29 septembre, on téléphona du Grand-Quartier aux Armées : « La percée est faite. Trois divisions ont passé. Le général de Castelnau ajoute : Non nobis, sed tibi gloria domine. » Quelques heures plus tard, nouveau coup de téléphone : « Faites disparaître la phrase latine… » Un capitaine d’État-Major avait pris sur lui,