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ou même les complices de leurs prisonniers.

À ce propos, quelqu’un rappela que, selon les rapports unanimes, les prisonniers français sont mieux traités que les Russes et les Anglais. Chose singulière ! Ces traits, bien qu’ils soient flatteurs pour le renom français, provoquent la réprobation de mon entourage. Tous veulent une haine absolue, colossale, éternelle. Et chaque symptôme de fléchissement les alarme et les indigne.

22 octobre 1915.

Un médecin permissionnaire me disait l’hostilité croissante des officiers de troupe contre les États-Majors. On leur reproche toujours leur éloignement, leur ignorance du terrain. Dans une récente offensive, des unités entières se sont perdues dans des boyaux. Ailleurs, des blessés se sont enlisés dans des tranchées que la pluie avait rendues impraticables. Et les troupes marchaient dessus, les enfonçant dans la boue… Quand j’entends ces choses-là, il me semble que mon cerveau craque.

On leur fait toujours grief d’ordonner de loin