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Et cette guerre ne serait nullement nécessaire à l’Allemagne. »

De Paris, le baron Guillaume écrit en janvier 1914 : « En dehors des états-majors politiques, de poignées de chauvins, le plus grand nombre des Français, paysans, ouvriers, commerçants, subissent avec impatience le surcroît de charges qui leur est imposé. »

Et en mai 1914 : « Je ne crois pas au désir de l’un ou de l’autre des deux pays de jouer l’effroyable coup de dés que serait une guerre. Mais il est toujours à craindre qu’un incident mal présenté n’amène la population — au moins les éléments les plus nerveux, voire les moins recommandables de la population — à créer une situation qui rendrait la guerre inévitable. »

J’ai lu et relu ces pages angoissantes. Et quand, les yeux fermés, je cherche en moi l’impression qu’elles y laissent, il me semble voir, sur de grands horizons heureux, parcourus par une foule paisible, deux tout petits groupes d’agités qui, en cherchant à se dépasser dans la menace par le geste et par la voix, finissent par s’inspirer une mutuelle terreur et, jugeant inévitable d’en venir aux coups, jettent alors les unes contre les autres les grandes foules paisibles…