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Ganville, 30 septembre 1915.

Pierre, qui apporte aujourd’hui des détails sur l’offensive de Champagne, se taille un succès près de son auditoire habituel. Quel visage avide et radieux René tourne vers lui… L’attaque a commencé le 25. Joffre, très en forme, teint clair, regard direct, déclarait : « Si je ne réussis pas cette fois-ci, je n’y comprendrai plus rien. » Castelnau, dissimulant aux uns sa confiance, l’avouait aux autres. Les munitions abondaient. On était obligé de retenir les troupes. Dès le premier jour, les prisonniers furent si nombreux qu’on songea à les faire défiler dans Paris, comme dans les triomphes de la Rome antique… Les Anglais assuraient en Artois une puissante diversion. L’aviation faisait des prodiges. Dès le 27, le bruit courut qu’on allait percer. Même, un journal du soir l’imprima. Déjà, la cavalerie était massée, les spahis en tête, sous leurs grands manteaux rouges. Et hier, le 29, à midi un quart, un officier de liaison apporta à Paris la nouvelle qu’une brèche d’un kilomètre était ouverte dans la deuxième ligne. Trois divisions étaient prêtes à passer.