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LES « HAUTS FOURNEAUX »

tées de vaines alertes. Pourtant, chaque fois, j’avais peur. Mon mari haussait les épaules : « Bah ! C’est une question de rail ». À l’entendre, on ne se disputait, dans ces pénibles conflits, que la concession des chemins de fer marocains. Sans doute, cette vue est trop simple pour être juste. Mais Pierre est un homme qui voit rond. En tout cas, on a franchi ces passes difficiles. Voilà l’important.

Certes, la menace gronde toujours. Mon cœur se serre quand je lis les stupides discours du Kaiser, de ce demi-fou qui, sans cesse, tire son glaive, sèche sa poudre et brave « l’ennemi héréditaire ». À quel besoin de surenchère obéit-il ? Après avoir fait, pendant vingt ans, la cour aux Français, à qui veut-il plaire par ces rodomontades ? Sans doute au parti du Kronprinz, au parti de la guerre, qu’on nous dit organisé, nombreux, servi par des journaux à grand tirage dont on met sous nos yeux les extraits irritants.

Hélas ! Ce n’est point seulement Outre-Rhin que, tout haut ou tout bas, des gens appellent la guerre. Et je ne pense pas seulement à ce nationalisme agressif, récemment réveillé par les fanfares des retraites militaires ; ni à cette presse qui, depuis quelques années, va soufflant