signal de ses inspirateurs. Malgré l’adhésion des Belges, le concours actif de neutres comme les Hollandais et les Scandinaves, on représente Stockholm comme une entreprise allemande, montée par les socialistes modérés, au service du Kaiser. Dès que se produit une abstention isolée, on généralise : « Vous voyez, personne n’y va. » On tripote les textes. Des extrémistes russes déclarent-ils se désintéresser de l’Alsace-Lorraine ? On impute aussitôt ce propos au gouvernement régulier. On imprime que les Russes veulent régler la paix d’après le statu quo, c’est à-dire d’après la position actuelle des belligérants, alors qu’ils veulent la régler d’après le statu quo ante bellum, c’est-à-dire d’après la situation géographique d’avant-guerre. Les deux mots ante bellum sont tombés à la transmission télégraphique, comme par hasard.
Puis l’Institut, le Sénat, toutes les grandes phalanges conservatrices, ont assiégé le premier ministre encore hésitant. Un de ses collègues du Cabinet l’a menacé de sa démission. Le Haut Commandement a déclaré que les soldats croiraient à la paix prochaine si la conférence se réunissait et qu’il ne répondrait plus des troupes quand cette espérance serait déçue. Les États-Unis, jugeant cette tentative inopportune au