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19 avril 1917.

Bien que les communiqués pavoisent, on a su dès le 17 que la tentative de rupture avait échoué. Elle s’achève. Tous ceux qui, à un titre quelconque, ont assisté à ce vain massacre, sont imprégnés de la même horreur. Certaines unités auraient perdu la moitié, les deux tiers de leur effectif. Au téléphone, afin de nous faire connaître les pertes totales sans citer de chiffres, un de nos amis nous dit tranquillement : « La population de Troyes. »

Sous le coup de la déception, les cœurs se libèrent. On conte maintenant le fameux Conseil du 6 avril à Compiègne, où fut décidée l’offensive. Les militaires étaient partagés. Un des futurs exécutants affirmait bien sa confiance dans son étoile, étalait ses décisions, tout l’avenir prévu et fixé dans ses ordres, assurait qu’il prendrait l’apéritif à Laon le premier soir. Mais les commandants de groupes d’armées doutaient d’une victoire stratégique. L’un d’eux s’entendit même âprement rabrouer : « Sans doute, général,