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autres est absolue. Mais on entend : « C’est la décision, c’est la grande bataille, c’est la rupture. Tout est prêt. » On affiche de la confiance. Pourtant, les visages et les propos sont fébriles.

À vrai dire, il y a dans l’air d’autres raisons de nervosité.

Des délégués de tous les socialistes belligérants doivent se rencontrer à Stockholm le mois prochain. Que de malentendus dissiperait une telle réunion ! Comme elle hâterait la fin de la guerre… Aussi, la presse orthodoxe dénonce cette « manœuvre » d’un ton de fureur inouï.

D’autre part, le gouvernement provisoire russe, qui reconnaît le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et s’interdit toute annexion, a reçu des offres officieuses de l’Autriche. Il inclinerait vers la paix. Aussi lui a-t-on dépêché de Paris un socialiste notoire et patenté, qui va réveiller ces visionnaires et leur montrer le péril qu’ils côtoient. On va leur déclarer que s’ils font la paix avec les Empires Centraux, ils auront la guerre avec le Japon. Qu’ils choisissent. On va les enfermer dans un dilemme, en attendant mieux.