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dans les esprits, c’est que les Américains sont emportés par un de ces grands mouvements idéalistes qui parfois s’emparent des individus et des peuples, et que leur pays veut rendre à la France l’aide qu’elle lui apporta voici cent cinquante ans. Les atrocités allemandes, les soulevant d’horreur, les auraient décidément jetés dans le camp des alliés.

Puis la guerre n’est-elle pas contagieuse ? N’attrape-t-on pas la fièvre rouge comme la fièvre jaune ? Enflammés par le récit de tant d’exploits, ils brûleraient de devenir à leur tour des héros.

Mais on dit aussi que l’extension de la guerre sous-marine, paralysant leurs livraisons au continent, les a exaspérés. On murmure également qu’ils ne veulent pas laisser s’établir sur le monde commercial une prépondérance allemande… ou anglaise ; qu’ils ne sont pas fâchés de se constituer, à l’occasion du conflit actuel, une flotte et une armée surtout destinées à soutenir contre le Japon la guerre « inévitable ». Et, le président Wilson, en se ralliant au parti de la guerre, n’a-t-il pas recherché le suffrage des hautes classes, naturellement belliqueuses ? On chuchote encore que les Américains, qui ont consenti de fortes avances à l’Entente, courent