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par la pensée au début de la guerre, la phrase paraît folle. Elle est habile. Sans doute nos maîtres craignent-ils que cette satisfaction sentimentale ne soit prochainement offerte au pays et qu’il ne s’en contente. Eux, ne s’en contentent plus. Ils sont devenus plus exigeants. Ils veulent des réparations, des garanties, des « dédommagements ». Et je ne peux pas ignorer, hélas ! les convoitises qui s’abritent derrière ces trois mots-là…

Et comme ils sont ingénieux et prompts à écarter toute menace de paix, ces hommes qui veulent prolonger la guerre jusqu’à leurs fins !… Ce soir, un officier permissionnaire nous assurait que les Allemands préparaient un nouveau repli dans la Somme. Ils détruisaient des ouvrages d’art afin de ralentir la poursuite. On entendait les explosions.

― Et si, dis-je, pressés par le blocus, la pénurie, la disette, ils se retiraient ainsi progressivement jusqu’à la frontière, afin de faciliter les négociations ?

Il ne faut pas oublier, en effet, les solennelles et récentes déclarations du Sénat, qui ne recule devant aucun sacrifice : « La France ne peut pas signer la paix avec un ennemi qui occupe son territoire. »