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pure forme et ne prévoyait nullement un prochain armistice.

12 février 1917.

Autour de moi, les gens affectent de supporter allègrement les privations. Ils rivalisent de joyeux entrain. J’entends : « Nous avons été chercher du charbon, en bande, à quatre heures du matin. On a bu du punch sur un comptoir. C’était amusant comme une exécution capitale ». Ou encore : « Nous avions deux degrés dans la salle à manger ; alors nous prenons nos repas dans la cuisine, où il fait chaud ». Les femmes, sur le conseil des journaux, transforment leurs cartons à chapeaux en marmites norvégiennes. Elles essaient des combustibles inédits : du papier froissé, de la sciure, les ordures ménagères. Et de s’en déclarer ravies. Tout le monde a « du cran ». Les légumes frais deviennent-ils rares ? « On mangera du riz : c’est plus sain. » les timbres-poste sont-ils augmentés ? « Quelle chance ! on écrira moins ». Le tabac manque t-il ? « Tant mieux, on ne fumera plus ». Tous croient souffrir enfin de la guerre. Ils ont l’illu-