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peuples entiers à leurs appétits voraces, à leur appétit sans fond.

Paron disait : « Et voilà ce que je ne peux pas pardonner à ces hommes : c’est leur avidité insatiable. Il y a des gens qui se sont donné pour devise : « Plus haut », ou « plus fort », ou « plus loin ». Pour eux, c’est « plus » tout court. Ils gagnent pour gagner. Ils n’ont même pas l’excuse de thésauriser pour leurs enfants, car beaucoup d’entre eux, sans descendance proche ou lointaine, entassent pourtant avec la même ardeur féroce. Ils n’ont pas l’excuse de besoins sans limites. Car on ne peut pas indéfiniment aimer, manger, jouir. Tous les organes ont une puissance ou une capacité restreinte. Toutes les gloutonneries et toutes les ivresses aboutissent à la nausée. On se blase même, à la fin, d’acheter des châteaux, des bijoux, des meubles et des tableaux, car on ne fait qu’échanger des valeurs contre d’autres valeurs, que transformer son portefeuille. Et cependant, lorsqu’ils ont comblé tous leurs vœux, atteint toutes leurs bornes, lorsque leur désir n’a plus l’excuse du désir, ils continuent… Ils veulent le superflu du superflu. Leur démon les pousse, qui leur crie : « Davantage, davantage ! Encore ! Encore ! »

« Ils ressemblent, tenez, à leurs hauts four-