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dans la foule. Elle est presque incrédule. Elle n’ose pas se réjouir. On lui a tellement répété que la paix était honteuse, impossible.

Bien que l’offre de paix séparée fût du 28, les Italiens ont poussé jusqu’à l’armistice une offensive « foudroyante ». Ah ! l’inutile cruauté de ces ruées suprêmes… Elles ne satisfont vraiment que l’instinct de poursuite et de vengeance, le goût de l’exploit guerrier et des distinctions. L’avance des Italiens pouvait-elle, selon la formule, leur assurer une paix plus avantageuse ? Non, puisque l’Autriche se rendait à merci. Et je pense aux deux meurtrières offensives des Belges, le mois dernier. Tous les pourparlers de paix — et plus sûrement les derniers — promettaient en première ligne la libération de la Belgique. Les Belges étaient certains de recouvrer leur territoire. Pourtant, ils ont voulu le reconquérir « par les armes. »

Nos stratèges de presse s’efforcent de donner à la reddition autrichienne un caractère purement militaire. Déjà, ils avaient démontré que les Bulgares et les Turcs — ces derniers ont conclu un armistice le 31 octobre — avaient été vaincus par la seule force des armes. Il est pourtant bien certain que l’Autriche a surtout succombé sous l’excès de ses misères et de ses