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Et ce cri stupéfiant : « On veut nous voler notre victoire ! » La victoire ? Comment peuvent-ils savoir qu’ils ne l’ont pas ?

Enfin, c’est un délire si furieux que l’excès en apparaît à quelques esprits et qu’un journal encore lucide imprime en gros caractères : « Ah ! si l’on avait développé, pour empêcher la guerre, la moitié des efforts qu’on déploie pour empêcher la paix … »

À l’heure actuelle, la besogne apparaît plus abominable que jamais, de ces gens qui, autour d’une table, au fond d’un fauteuil, poussent les autres au charnier, pour satisfaire leurs passions et surtout leurs intérêts. Car il faut bien l’avouer : partout les grandes convoitises industrielles — mines, colonies, pétroles — se montrent derrière leurs voiles hypocrites.

Ah ! mon petit, mon cher petit René, tu as raison, la guerre n’a plus le visage qui t’a séduit…

2 novembre 1918.

L’Autriche s’est rendue sans conditions. On a su hier que l’armistice était conclu. Une stupeur