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phose est trop rapide, trop fraîche ». On suspecte d’avance leur révolution : « Ce sera la maison Hohenzollern peinte en rouge ». Leur militarisme se dérobe, mais il faut l’écraser. On déclare fastidieux ces marchandages pourtant inévitables. « Fermons l’oreille. Le canon, le canon ! ».

La foule se désintéresse de ces pourparlers. Elle reste uniquement sensible aux événements militaires. Paris célèbre la libération de Lille.

Personne ne se demande si cette poursuite, qui coûte encore tant de vies humaines, ne sert pas surtout cette frénésie d’avancement, de distinctions, « l’avancite », dont on m’a cité, tout au long de la guerre, des traits si cruels que je n’ai jamais voulu les retenir.

Personne ne se demande si cet acharnement, si meurtrier pour les nôtres, modifiera vraiment les grandes lignes d’une paix qui semble dès maintenant imposée à l’ennemi recru.

Et ces extrêmes sacrifices sont exigés tandis qu’une épidémie sans pareille s’est abattue sur notre pays. Elle sévit depuis deux mois. On nous la cache éperdument. Son nom inoffensif, la grippe, n’éveille pas les alarmes. En réalité, c’est une sorte de peste, compliquée d’accidents