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repoussée selon ses vœux, intitule froidement son éditorial : « Après le refus. »

Et une feuille officieuse demande avec une exquise inconscience : « Pourquoi serions-nous pressés ? » Est-ce que cela compte, la vie des pauvres petits gars échappés jusqu’ici au massacre ? En effet, pourquoi serions-nous pressés ?

Et toujours le comique sinistre de la guerre. Une seule presse égale la nôtre en fureur : la presse pangermaniste. Mais on la voile pudiquement. Car une paix qui déçoit si cruellement l’ennemi pourrait nous paraître favorable. Il ne faut pas.

La foule pense selon la presse. Au 6 octobre, jour de la demande d’armistice, seuls les soldats ont dansé de joie. À l’arrière, l’espoir se cache et se tait. On nous a tellement fait honte d’appeler la paix. On n’a d’yeux que pour l’action militaire. D’elle, on attend tout. Quant aux pertes, elles ne comptent pas. Nul n’envisage que les Allemands soient vraiment à bout de résistance et que les fameux buts de guerre puissent être dès maintenant atteints. Il est vrai que tout le monde les ignore.

Oui, à la cinquième année de guerre, la foule, empoisonnée par la presse, déplore la paix. Car