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22 septembre 1918.

Je feuillette un luxueux album de dessins. Ils représentent des enfants amputés des mains par les Allemands. Ces pauvres petits sont nombreux. Ils se réunissent en groupes et ils tiennent, sur ces atrocités, des propos à crever le cœur…

Je me rappelle qu’une femme de lettres, au début de la guerre, s’efforça de retrouver un de ces enfants afin de l’emmener en Amérique. Je ne crois pas qu’elle ait abouti. Mais si d’autres avaient été plus heureux dans leurs recherches, nos illustrés n’auraient-ils pas publié à profusion le portrait de la petite victime, afin de soulever l’indignation ? « Tout est bon à exalter la haine », ai-je entendu souvent répéter. Et la propagande, qui dispose de plus de vingt millions par an, aurait couvert le monde de ces photographies. Quoi ? Ces enfants n’auraient-ils pas existé ? Mais alors, quel signe effroyable de l’aberration où la guerre a jeté les peuples…

Ce même jour, je vois que de puissantes asso-