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trielles, avidités marchandes, âpres ambitions, haines, jalousies, cruauté, orgueil, égoïsme, hypocrisie, dureté, insondable sottise… Penser que les plus pures, les plus éclatantes vertus, l’héroïsme, le dévouement, la foi, la bravoure, le sacrifice, servent cette bassesse. Elles la couvrent. Elles la parent. Ah ! la guerre, des diamants sur de la fiente.

Et pas un cri de pitié, d’alarme, pas un appel à la raison, à la prudence de l’avenir. Pas un « assez ! » Qui le lancerait ? Où ? Neuf journaux sur dix sont inféodés à la guerre. Le reste est censuré. Les réunions sont interdites. Toute parole de paix fait écumer la Chambre. Et la foule elle-même, à la fois orgueilleuse et timorée, ivre du vin que lui verse la presse, lapiderait encore le messie.

Alors ? Propager ses idées autour de soi ? Impossible, plus que jamais. Toutes les approbations, toutes les facilités, toutes les tribunes sont réservées à ceux qui exaltent la haine, la vengeance et la guerre. Quiconque prononce une parole humaine s’attire la réprobation, la vindicte, le soupçon, la raillerie, l’injure. Qui dira la violence brutale, explosive, meurtrière, d’un surpatriote dont on discute la foi ? D’une visite dans un asile, au quartier des fous furieux,