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On hausse les épaules. On me tourne le dos. Je sais bien leur pensée, à tous. Si j’appelle la fin du massacre, c’est que mon fils est au front. Ce n’est pas juste. Car j’ai bien cru qu’il ne partirait jamais, pendant les deux premières années de la guerre. Et depuis le début, je n’ai pas cessé, une seconde, de la maudire.

25 août 1918.

Jusqu’ici, la presse ne parlait jamais des raids aériens sur les villes allemandes. Elle semblait vouloir laisser à l’ennemi l’atroce privilège de tuer femmes et enfants. Mais, depuis quelques jours, les journaux rendent compte des raids : « efficaces », du « bon travail », comme disent les Britanniques, des destructions, du nombre des morts et des blessés. Et, de source officielle, ils publient des lettres trouvées sur des prisonniers, où les habitants des villes du Rhin peignent leur épouvante des bombardements aériens. On me dit qu’on a voulu donner satisfaction à l’opinion et lui montrer qu’on exerçait des représailles.