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tance aux propos, toujours un peu visionnaires, que tenait ce soir devant moi le directeur d’un journal très chauvin.

Ces propos, il les réservait pour l’intimité, car il se garderait bien de donner à ses belliqueux lecteurs l’impression que le recul allemand ait un caractère calculé, diplomatique, et qu’il ne soit pas uniquement dû à l’effort militaire.

D’après lui, cette retraite a pour but de favoriser les négociations de la paix. Le Kaiser l’a fait pressentir dans son fameux discours de la forêt de Pinon, qu’on a caché, dont on a même nié l’existence. Il tremble pour sa dynastie et devant les pangermanistes. Mais il veut la paix. Ludendorff est dans son jeu. L’ancien ministre allemand des Affaires Étrangères Kuhlmann, disait récemment à un Scandinave : « Que l’Entente ait une petite victoire. Cela matera nos militaristes. Je reviendrai au pouvoir et je traiterai ». L’attaque allemande du 15 juillet sur Reims ne fut qu’une invite à la riposte : « Attaquez-nous donc ». La résistance des Allemands, à bout de souffle, couvrira leur retraite et soulignera notre victoire. En réalité, ils s’en vont. Et c’est la paix.

Ayant développé cette thèse audacieuse, notre