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Puis il s’assagirent et parlèrent de la retraite allemande ; Ils l’avaient suivie de haut. À les entendre, elle était strictement ordonnée. Des centres de résistance, puissamment organisés, ne devaient céder qu’à une date, une heure fixées. Leurs défenseurs, liés à leurs mitrailleuses, étaient d’avance condamnés à mort. Aussi les troupes, lorsqu’elles se heurtaient à ces obstacles, étaient-elles cruellement éprouvées. Au contraire, elles passaient librement dans les intervalles.

Ainsi s’expliquaient pour moi deux impressions contradictoires. Des lettres du front, des articles de journaux, déclaraient que les soldats avançaient l’arme à la bretelle, sans pertes. Et, en même temps, j’apprenais depuis une quinzaine des deuils nouveaux, plus rapprochés, plus nombreux que jamais.

17 août 1918.

Si je n’avais pas entendu ces jeunes gens dépeindre sous ce jour la retraite allemande, sans doute n’aurais-je pas attaché tant d’impor-