Les Anglais, jusqu’ici stationnaires, prennent part à cette nouvelle contre-attaque, commencée depuis quatre jours. Chez eux aussi, le succès tourne les cervelles, aiguise les appétits. Balfour a publiquement déclaré que l’Angleterre ne rendrait pas les colonies allemandes à l’Allemagne actuelle « parce qu’elle tyrannisait les populations ». Généreuses paroles, qui feront tressaillir d’espérance l’Inde et l’Égypte.
En même temps, le ministre Churchill foudroyait le malheureux Lansdowne, pacifiste impénitent, qui lançait un nouveau cri de pitié : « Cette guerre n’a-t-elle pas coûté assez de vies humaines ? Ne pourrait-on pas traiter ? » À quoi le ministre répliquait : « Nous avons jeté à la fournaise la fleur de l’humanité. Et ce serait pour traiter à l’amiable ? Non, non. Il faut que les Allemands soient battus de façon décisive, à jamais. »
Éternels sophismes… Toujours exiger de nouvelles hécatombes au nom des hécatombes passées. Toujours sacrifier sûrement les générations actuelles au salut incertain des générations futures. Lisez-vous donc dans le trouble avenir ? Savez-vous ce que sera l’Europe dans vingt ans ? En enfermant dans les cœurs tant de ferments de haine et de revanche, ne préparez-