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soldats de toutes couleurs et de tous pays ont défilé devant une foule frénétique. Avant qu’ils ne retournent au feu, les femmes les bombardaient de fleurs. Furent-elles nombreuses à penser que, demain, les éclats d’obus et les volées de mitrailleuses remplaceraient leurs bouquets ?

16 Juillet 1918.

Hier, une nouvelle offensive allemande a commencé vers Reims. C’est bien singulier… Depuis une quinzaine, on avait l’impression très nette que des pourparlers secrets étaient engagés. On en donnait des indices troublants : la trêve du bombardement de Paris ; l’ajournement des projets de raid aérien sur Berlin ; l’ordre, reçu par les journaux, de mettre une sourdine à leurs violences contre les Allemands ; la présence de Denis Cochin à Rome, celle du roi d’Espagne à Paris. Sembat avait pu écrire dans un journal modéré : « On cause. Mais dit-on de bonnes choses ? » On affirmait que les dirigeants allemands étaient prêts à rendre l’Alsace-Lorraine et que, seule, la crainte des pangermanistes les rete-