Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/237

Cette page a été validée par deux contributeurs.

poussées successives et décroissantes, avant de se stabiliser. Toutes deux provoquent les mêmes phénomènes : retraits de fonds dans les Banques, départs fous dans les gares. Aujourd’hui, comme en mars, les âmes et les feuilles orthodoxes sont les plus promptes à l’émoi, au découragement. Car elles continuent de croire uniquement aux opérations militaires. Tandis que le concours de forces moins tangibles, d’ordre économique et politique, semble nécessaire à rompre le grand équilibre des nations en armes.

Mais, cette fois, les craintes sont plus vives, à en juger par les mesures qu’elles entraînent. Des usines de guerre de la banlieue sont invitées et contraintes à s’installer en province. La Banque de France, la Bibliothèque Nationale, les Finances, prêtes à partir, envoient devant elles leurs gros bagages. Maintes circulaires envisagent minutieusement le départ des administrations publiques. Un débat s’ouvre entre le gouvernement et le Grand Quartier : le cas échéant, devrait-on déclarer Paris ville ouverte, afin d’éviter la destruction de la capitale et de laisser aux armées leur liberté de manœuvre, ou devrait-on la défendre rue à rue ? Bien que la plupart des ministres soient résolus à se laisser plutôt ensevelir sous les décombres de la ville,