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22 mai 1918.

La vie se rétrécit toujours. Les journaux nous engagent à nous coucher tôt, afin d’économiser le luminaire. Dans les hôtels, on n’a plus le droit de se laver à l’eau chaude que le dimanche.

Et nous sommes au régime des trois jours sans viande. Il faut ménager veaux, bœufs, vaches et moutons. Quel ironique contraste entre la sollicitude dont on entoure le cheptel animal et les sacrifices sans bornes qu’on impose au cheptel humain…

Je devine tout un ignoble grouillement de « poches grasses », de tous ceux que ces mesures enrichissent et qui les imposent au pouvoir. Au milieu des patriotiques protestations de la Chambre, le député Bracke a dénoncé le bas calcul de ceux qui entendent garder le plus de bestiaux possible, afin de les revendre très cher aux nations épuisées qui devront, à la paix, reconstituer leurs troupeaux. Ô beautés de la guerre…