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quoi les Français n’achètent-ils pas en Angleterre le charbon dont ils ont besoin ?

« Ah ! C’est que les transports coûtent cher. À qualité égale, le meilleur minerai, le meilleur charbon, c’est le plus proche. C’est celui qu’on a presque à portée de la main, c’est celui du voisin. Et notez bien qu’il s’agit de réaliser sur chaque tonne une minime économie. Ces énormes antagonismes se réduisent littéralement à des questions de gros sous. Au prix d’un léger sacrifice, on aurait pu éviter cette irritante dépendance mutuelle. On ne l’a pas voulu. »

Et Paron s’emporte, avec une extrême violence, contre ces hommes lancés à la conquête de superbénéfices, et dont l’appétit dévorant, insatiable, ressemble à celui de leurs hauts fourneaux.

Mais nous voici au moment de l’attaque de Verdun, en février 1916. Mme  Ciboure reste presque sourde aux inquiétudes de son entourage : son fils veut s’engager !

Elle se confie à Paron. Elle note :

« Paron m’a tout de suite demandé : « Qu’en dit son père ? » Pierre est absent. Il ignore le projet de son fils. Mais je sens que, pour Paron, cette simple question contient tout un drame. À ses yeux, mon mari n’est-il pas l’un de ces