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plus, que ces fronts de fer, dans leurs chocs stupides et cruels, doivent toujours se bosseler sans se briser.

Ces armées démesurées ne rompront-elles vraiment que le jour où le peuple qui les épaule, les nourrit et les entretient, le peuple dont elles sont issues, s’effondrera lui-même de lassitude, de faim et de dégoût ?

27 avril 1918

On annonce la mort d’un aviateur allemand qui abattit 80 avions… C’est seulement à de telles occasions que nous prenons conscience de nos propres pertes. Car nos communiqués les taisent et donnent l’impression qu’on tue sans être tué.

D’après les traductions officielles, la presse allemande célèbre son apothéose : héros, surhomme, gloire immense, gloire sublime, respect agenouillé… Décidément, tout en moi se révolte contre une pareille mentalité. Exalter en termes délirants l’homme qui a tué quatre-vingts fois…