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triche, semble l’unique artisan de cette médiation. C’est lui qui soumit à Charles Ier les quatre conditions essentielles de la paix des alliés, telles qu’elles se dégagèrent de ses premiers entretiens diplomatiques, notamment avec Jules Cambon. C’est lui qui rapporta de Vienne à Poincaré, en mars 1917, la fameuse lettre impériale, publiée ces jours derniers, qui accepte le principe de ces conditions. Il demanda au Chef de l’État le secret absolu, dont dépendait la vie même de l’Empereur. Mais Poincaré, lié par la Constitution, dut communiquer la lettre à son premier ministre Ribot. Lloyd George en prit également connaissance et se montra nettement favorable à ces ouvertures.

Restait l’Italie. Lloyd George, Ribot, Sonino, se rencontrèrent en avril 1917 à Saint-Jean de Maurienne. Mais la nécessité de ne pas découvrir la personne et la lettre de l’Empereur, de rester dans le vague, pesa sur l’entretien. Sonino fut hostile à un arrangement avec l’Autriche ; il prédit la révolution, la république. Et sans doute Ribot, qui avait toujours fait grise mine à ces propositions, n’éprouva-t-il pas une vive déception d’un échec qu’il avait prévu, sinon souhaité.

Cependant, la partie n’était pas perdue. Car, au mois de mai 1917, le prince Sixte rapportait