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en lui la certitude, dont il a fait cent fois la preuve, que la grande presse fabrique l’opinion, que la foule pense d’après ses journaux.

Il cite aussi les livres techniques, les rapports, les documents qui l’ont conduit à la conviction que la haute industrie exerce le suprême pouvoir des deux côtés de la frontière. Et il illustre d’un fait ces âpres antagonismes.

« Je voudrais, dit Paron, vous faire toucher par un exemple ces impitoyables rivalités de la haute industrie. Les métallurgistes allemands de la Ruhr sont installés sur leurs mines de charbon. Les métallurgistes français de Briey sont installés sur leurs gisements de minerai. Les premiers ne possèdent que le charbon. Les seconds ne possèdent que le minerai. Or, leurs hauts fourneaux, dressés face à face, doivent s’alimenter en minerai et en charbon, afin de produire de la fonte. Avant la guerre, les Allemands fournissaient du charbon aux Français, et les Français fournissaient du minerai aux Allemands. Mais cet échange n’allait pas sans friction. Cette dépendance mutuelle leur pesait. Ils se sentaient tributaires les uns des autres. La guerre déchaînée, les Allemands se démasquent. Ils veulent être propriétaires du minerai. J’ai les traductions officielles de leurs préten-