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cieuses qui volent et qui violent ; et toute une population inquiétante, insoupçonnée, d’apaches et de vagabonds, que la peur a fait sortir du gîte.

Naturellement, il y a des héros qui ne descendent jamais à la cave. Ils disent le lendemain, d’un ton de fausse modestie : « Oh ! moi, je suis resté dans mon lit. » Ou bien : « J’ai tisonné, au coin du feu. » L’amour-propre continue. Quand les convives d’un dîner nombreux sont surpris par l’alerte, nul d’entre eux n’ose prendre l’initiative de la prudence. On se dupe mutuellement. Même le maître de la maison aime mieux exposer ses invités que de paraître avoir peur.

D’autres consentent à s’abriter, mais pavoisent leur attitude de raisons furieusement patriotiques. Une dame de la haute médecine déclarait : « Moi, je descends à la cave parce que j’aurais honte d’être assassinée par un Boche. » Quelle chance pour les prolongeurs de guerre que les soldats n’aient point de ces héroïques scrupules ! Mais voilà que je « huronne » encore. Où ai-je la tête ? Dès qu’on est vêtu de bleu horizon, on n’est plus honteusement assassiné par un boche, on est glorieusement tué à l’ennemi.

À propos de la sécurité des abris voûtés, on colporte encore un mot de Clemenceau. Un de